L’investisseur 2.0 : que souhaite l’épargnant en 2021 ?

L’investisseur 2.0 : que souhaite l’épargnant en 2021 ?

 

Les crises successives et les diverses expériences plus ou moins concluantes sur les placements ont changé la mentalité des investisseurs entre 2010 et 2020.
La dernière crise sanitaire met en avant un changement radical dans le comportement de l’épargnant si bien que l’on peut parler d’un « investisseur 2.0 ».

Il n’est plus question de souscrire tête baissée dans un placement que nous ne comprenons pas, qui nous paraît obscur ou trop beau. Et pourtant, nous assistons encore à des dérives dans la distribution de produits par le simple effet marketing.

Pour bien accompagner cet investisseur 2.0, il est nécessaire de comprendre ce qu’il recherche.

 

L’investisseur 2.0 veut de l’immobilier rentable

 

Les dispositifs de défiscalisation plébiscités depuis le début des années 2000 ont moins le vent en poupe. La localisation, parfois laissée de côté au profit d’un bel avantage fiscal, est redevenue primordiale. Le simple gain engendré par la réduction d’impôt ne suffit plus à satisfaire l’investisseur, qui a vu 2 types de cas :

 

  • L’investisseur des années 2000 dans l’immobilier traditionnel qui a connu des plus-values exceptionnelles.
  • L’investisseur qui a investi dans des zones peu dynamiques en termes immobiliers pour un avantage fiscal qui lui a fait perdre de l’argent.

 

Dans ces 2 cas, le premier est clairement plus intéressant malgré l’absence d’avantages fiscaux. Un investisseur va faire attention à la rentabilité finale de son placement, malgré des taux d’intérêt toujours plus bas.

Il faut cependant prendre garde à la belle plaquette commerciale qui vend un rendement miracle, assurant un taux d’occupation de 100% sans prévoir les faux frais : turn-over, entretien, charges, ravalement, transition énergétique.

L’investisseur 2.0 veut profiter des prix encore bas dans certaines villes pour espérer une plus-value. Ce sujet sensible ne doit pas faire oublier que les plus-values connues dans l’immobilier depuis 30 ans peuvent s’accompagner de corrections lorsqu’elles explosent certains seuils. La crise de la Covid-19 n’a pas encore montré tous ses effets sur les zones où le foncier est décorrélé des prix normaux.

Malgré tout, l’immobilier reste une valeur prisée de par sa valeur refuge et la rente qu’il permet de dégager au moment de la retraite. Ce dernier sujet reste une préoccupation en France, tant les caisses de retraite et la dette des Etats explosent.

 

L’investisseur 2.0 veut une épargne transparente et thématique

 

Exit les droits d’entrée à 3% voir plus. L’épargnant de 2021 ne souhaite plus payer des droits pour verser sur un contrat d’assurance-vie en fonds euros, sans aucun travail derrière.

Les frais cachés, telles que les rétrocessions sur OPCVM, SCPI ou fonds euros doivent s’intégrer dans le coût total du contrat. Ces frais longtemps ignorés volontairement, doivent aujourd’hui faire l’objet d’un récapitulatif de frais envoyé à l’épargnant.

Cette baisse de frais accompagne logiquement la baisse des taux d’intérêts qui vient rogner l’épargne sans risque.

Par ailleurs, pour gérer son épargne, exit l’allocation sur un seul fonds ou 100% en euros. L’épargnant souhaite des thématiques qui lui parlent : santé, vieillesse, sécurité, environnement, gouvernance, responsabilité d’entreprise, cybersécurité, etc. Il souhaite être beaucoup plus impliqué dans la gestion de son portefeuille, dans son impact sur la société.

Pour ces raisons évoquées, les ETF (ou trackers) connaissent un attrait fort des investisseurs, si bien que la plupart des assureurs les intègrent dans leurs contrats d’assurance-vie. Ces fonds, indexés directement sur un indice déterminé, parfois sur une thématique particulière, sont peu chargés en frais et permettent sur le long terme de suivre efficacement la performance de son investissement.

 

L’investisseur 2.0 recherche des rendements forts sur des placements nouveaux

 

Cette recherche de rendement toujours plus important, parfois dangereux (cf. https://www.wagram-patrimoine.com/blog/financier/pourquoi-faut-il-se-mefier-des-rendements-trop-beaux/), a permis à certains placements d’émerger, parfois au détriment de la sécurité de son investissement.

Premier exemple, le crowdfunding immobilier, qui permet d’investir de petites sommes dans de l’immobilier à rénover, immobilier commercial, entrepôts, etc. Permettant de rechercher des rendements entre 6 et 10% en moyenne, sur une durée assez courte (moins de 2 ans), ce placement devient populaire grâce à ses tickets d’entrée souvent faibles (moins de 1000€) mais fait parfois oublier que ce système finance des entreprises n’ayant pas assez de fonds propres pour réaliser des travaux. A manier avec précaution.

Second exemple, la cryptomonnaie. La plus connue demeure le bitcoin, depuis peu utilisée par les institutionnels et intégrée dans des systèmes de paiement type Paypal. La forte volatilité de ces placements pousse les autorités à s’y intéresser de plus près, en mettant en garde les investissements contre le risque de retournement, l’absence de sous-jacent et les possibilités d’escroquerie sur certains sites.

N’oublions pas que la cryptomonnaie doit une grande partie de son succès à la technologique utilisée : la blockchain. Certains ETF ont même pris pour sous-jacent des futures sur cryptomonnaies ou directement sur la blockchain. Mais la règlementation risque de devoir encadrer fortement à l’avenir pour éviter toute dérive, ce qui pourrait perturber la montée en flèche de ces placements.

 

L’investisseur 2.0 souhaite présence, disponibilité et expertise de son conseiller

 

Les banques en ligne ont connu un essor flagrant des épargnants pour une raison très claire : les investisseurs attendent un renouveau du conseil en gestion de patrimoine. L’investisseur souhaite une ingénierie et une stratégie globale ne se limitant pas à acheter une loi Pinel ou un fonds euros, mais bel et bien un accompagnement juridique, fiscal, administratif, financier, …

L’assurance-vie ne sert plus uniquement à générer du rendement, mais aussi à transmettre de manière claire et précise par sa clause bénéficiaire. Le démembrement de propriété s’intègre dans un investissement immobilier pour conserver le patrimoine en l’état. La structuration d’une société familiale est au cœur de la stratégie dans les schémas plus complexes.

Les professionnels du patrimoine doivent s’adapter à ces nouvelles normes, peaufiner leurs connaissances et apporter une réelle valeur ajoutée à l’épargnant. Les frais ne rémunèrent plus le courtage ou l’intermédiation en tant que telle, mais belle et bien l’expertise et l’accompagnement.

Un épargnant attend de la disponibilité et de la régularité de son conseiller. Quoi de plus normal dans un environnement règlementaire de plus en plus complexe et avec des produits toujours plus nombreux.

La règlementation favorise cette transition, cette transparence et cette expertise. La perception d’honoraires de conseil devient par ailleurs de plus en plus fréquente. Un bilan patrimonial complexe demandant une vraie expertise d’un CGP fait l’objet d’une rémunération. Ce n’est pas un produit qui est vendu mais bel et bien la matière grise du conseiller.

 

L’investisseur 2.0 veut finalement…du rendement et de la sécurité ?

 

Le duo parfait, malheureusement idyllique sur le court-terme. Compte tenu de la baisse des taux d’intérêt, le nouvel épargnant a besoin de sécuriser son épargne sur autre chose qu’un livret A à 0,5% ou un fonds euros en perte de vitesse.

Mais même un rendement au-delà de 2% garantis suppose une prise de risques même légère à court terme. C’est la raison pour laquelle l’immobilier reste plébiscité, puisqu’il permet à la fois un couple rendement/risque optimisé mais également un effet de levier grâce au crédit bancaire.

Cependant, pour une épargne 100% disponible et mobilisable à tout moment, cette recherche de rendement sécurisé pousse parfois à des placements douteux, bancals voir même faux.

Pour rejoindre les éléments donnés plus hauts, les professionnels du patrimoine ont un rôle à jouer dans le décryptage du profil de risque du client.  Ce ne sont plus les produits qui doivent déterminer le choix de l’investisseur 2.0, mais ses objectifs, sa stratégie et sa situation.

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